Le retour de la paix en RDC, particulièrement dans sa partie orientale, demeure une gageure aussi longtemps que les protagonistes restent sur le pied de guerre. Cela est d'autant plus évident que des réunions se succèdent au niveau du pays, aux plans régional et international, sans apporter l'assurance de dissiper le spectre des affrontements armés. Toutes les parties impliquées ou intéressées par la crise dans l'Est de la RDC se distinguent par des discours qui indiquent que, au finish, tout le monde tourne autour du pot ; évitant de crever l'abcès et d'administrer le remède approprié.

L'enlisement dans lequel est plongé le processus de paix en RDC n'est pas gratuit. Non seulement il est provoqué, mais encore il est entretenu. Par ceux-là mêmes qui ont scellé le sort de l'ex-colonie belge. Tous les prétextes ont été trouvés bons pour déstabiliser la RDC et justifier la fin qui lui est réservée, à savoir sa partition.

Le déclic est parti du génocide rwandais de 1994. Suite à cet événement malheureux, la communauté internationale fait injonction aux autorités congolaises de l'époque d'accueillir sur leur territoire les réfugiés rwandais en débandade. Lesquels ramenaient dans leur suite femmes, enfants mais aussi coffres forts, banque centrale et armes.

Très vite, la thèse de l'existence ou de l'infiltration (c'est selon) parmi les réfugiés des génocidaires se développe et se répand comme la trainée d'une poudre. L'opinion nationale et internationale apprend, à ses dépens, à s'habituer aux expressions Interahamwe rime avec FDLR et génocidaire.

Bref, le nouveau régime en place à Kigali séduit la communauté internationale et la pousse à composer avec lui pour traquer les génocidaires et les traduire en justice, à défaut de les trucider dans leur cabale à travers le territoire congolais et des pays voisins.

Ce qu'il faut retenir à cette étape c'est que, avec le temps, la RDC est passée du statut de victime à celui de bourreau. On lui reproche d'avoir fait montre d'hospitalité à l'endroit des réfugiés d'un pays voisin. La seule image comparable à cette saga est celle décrite par le fabuliste français Jean Delafontaine dans «Les animaux malades de la peste ». Car, au même moment, l'Ouganda lâche ses ADF/Nalu et autres LRA. Le Congo est pris en sandwich et il ne peut pas se défendre ayant sur les bras des éléments d'inculpation.

Puisque le Congo accueille sur son sol des rebelles à leurs régimes respectifs, Kigali et Kampala décident d'envahir leur voisin pour aller s'y faire justice. Et en fait de justice, c'était le début de l'aventure d'occupation et de pillage systématique des ressources de la RDC. Avec, en toile de fond, la balkanisation dont la première étape était l'annexion du Kivu par le Rwanda et l'Ituri par l'Ouganda. Les sceptiques n'ont qu'à s'en prendre à eux-mêmes. Soit, ils sont naïfs, soit ils jouent le jeu de l'ennemi.

Ce bref rappel est destiné à rafraîchir la mémoire de ceux qui, avec l'évolution de la situation, ont perdu de vue d'où est venu le mal. La suite, on la connaît : AFDL, RCD, CNDP et, aujourd'hui, le M23, lequel a l'effronterie de revendiquer l'héritage du CNDP.

Quand tout le monde tourne en rond

Pourquoi d'aucuns émettent-ils des doutes quant à l'aboutissement de dernières recommandations et autres résolutions prises par la communauté internationale à différents niveaux, national, sous régional (SADC, CIRGL), continental (UA) et international (Onu, Francophonie) ? C'est tout simplement parce que les uns et les autres évitent de désigner le mal qui ronge les Grands Lacs. Or, le mal c'est le Rwanda. Ça, c'est d'un.

De deux, les grands de ce monde sont tellement impliqués dans l'insécurité qui prévaut dans l'Est de la RDC qu'ils n'oseraient pas indexer le Rwanda sans se faire hara-kiri. Ce sont eux qui ont fait de l'homme fort de Kigali le gendarme des Grands Lacs après la chute de Mobutu, avec la charge de préparer la désintégration de la RDC. Les preuves documentées existent, on peut les consulter pour s'en convaincre.

De trois, les mêmes puissances occidentales, particulièrement les Etats-Unis d'Amérique (USA) et la Grande-Bretagne, ont soutenu et élevé le Rwanda au rang de membre non permanent du Conseil de sécurité de l'Onu. Dans quel but ? Atténuer, sinon rejeter les accusations portées par la RDC contre le régime de Kigali en rapport avec les conflits armés récurrents qui ont élu domicile dans les Grands Lacs et particulièrement en RDC.

Faut-il rappeler que Kigali a rejeté les rapports des experts de l'Onu, sans qu'il soit condamné pour cela? Que le même Kigali a osé menacer les Nations unies de retirer ses troupes engagées dans des missions de paix en Afrique, en cas d'indexation de ses dirigeants impliqués dans le drame congolais ? Pire, Kigali a poussé le toupet plus loin, en se permettant d'opposer un veto contre toute accusation portée contre les dirigeants du M23. C'est tout simplement un chantage à l'endroit de ses parrains qui l'ont utilisé pour sous-traiter leurs business sur le continent africain.

Par conséquent, il n'est pas exclu que les pourparlers de Kampala entre Kinshasa et le M23, réchauffés par la dernière rencontre des parties à l'accord-cadre d'Addis-Abeba, en marge de l'Assemblée générale des Nations unies, ne se terminent en eau de boudin. La paix en RDC, personne n'en veut.

Au contraire, ça arrache du bifteck à ceux qui ont besoin d'engranger à moindre coût les matières premières dont regorge la RDC avant de la morceler pour poursuivre à l'infini l'exploitation illégale. Les rapports des experts des Nations unies, des résolutions du Conseil de sécurité de l'Onu ne sont plus qu'un tas de paperasses qui brunissent dans des tiroirs dans des bureaux de New York.

Sursaut national

La leçon que les Congolais devraient tirer de cette attitude de la communauté internationale ce qu'ils devraient s'approprier le processus du retour de la paix. La fin des hostilités cycliques ne leur sera jamais offerte comme un cadeau. Ils doivent s'organiser et se préparer en conséquence. Tout se résume en ces mots : le sursaut national, au-delà de tout clivage politique ou autre.

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