Le plan proposé par Frédéric Boyenga Bofala à la classe politique est basé sur un accord politique destiné à mettre fin à la crise, rétablir la confiance et la paix, relancer et achever le processus démocratique.

Reçu sur un plateau spécial co-animé par les journalistes Rachel Kitsita de Numerica TV et Freddy Mulumba du Groupe de presse Media 7, l’ancien professeur de l’Université de Lille (France), Frédéric Boyenga Bofala, propose à la nation tout entière son plan de sortie de crise qui s’intitule « Comment sortir de l’impasse politique pour relancer et achever le processus démocratique et électoral e RDC ».

Pour ce juriste et président de l’Union pour la République-Mouvement National (UNIR MN), seul le courage pourra rendre à la politique congolaise sa noblesse, et à la nation sa respiration.

« Je suis du côté de ceux qui préconisent non pas le changement pour le changement, mais bien l’amélioration de la condition humaine en République démocratique du Congo. Le grand défi politique et sociétal consiste aujourd’hui et demain à transformer tous les changements et bouleversements qui nous tombent dessus, en véritable progrès humain. Cela suppose des choix à caractère moral. Ce qu’il nous faut est une éthique du changement plus qu’un changement de l’éthique », a-t-il déclaré.

Pour Frédéric Boyenga Bofala, la situation qui s’apparente à la profonde crise que traverse la RDC ne doit pas être réduite aux seules turbulences de l’opinion publique sur la question de la révision constitutionnelle.

Nécessité d’un accord politique

« La situation est grave. Sa gravité même oblige à transcender les clivages… Dans un pays politiquement en crise et où le processus démocratique est bloqué comme la RDC, on attend des élections qu’elles mettent fin aux crises politiques. Pourtant, si toutes les précautions ne sont pas prises, elles peuvent exacerber les conflits existants, voire devenir elles-mêmes sources de nouvelles tensions », a-t-il expliqué.

De ce point de vue, le président de l’UNIR MN a profité du plateau de Rachel Kitsita et Freddy Mulumba pour inviter tous les Congolais à une réflexion approfondie sur les conséquences pour l’avenir du pays, des élections organisées dans la précipitation inconsidérée.

« Il s’en suit que si elle a lieu dans le climat délétère qui règne depuis un certain temps dans notre pays, l’élection présidentielle prévue constitutionnellement  cette année est une grande échéance qui pourrait malheureusement servir de prétexte à la grande déstabilisation de notre pays, et celle-ci sera catastrophique si nous n’y prenons garde… Nous ne pouvons pas aller aux élections dans ces conditions », prévient Frédéric Boyenga Bofala.

Dans son argumentaire, il fait remarquer que seul un accord politique pourrait mettre fin à la crise, rétablir la confiance et la paix, relancer et achever le processus démocratique.

« Cet accord aurait pour premier objectif de définir le cadre dans lequel l’actuel président de la République pourra, à la fin de son mandat, s’inscrire dans le processus continu de refondation nationale initié depuis 2001, pour enfin éviter que le pays ne plonge à nouveau dans le chaos parce que, cette fois, il ne se relèvera pas », a-t-il indiqué.

Un gouvernement de salut public pour piloter les réformes

S’agissant de la question de la révision constitutionnelle, Frédéric Boyenga Bofala estime que, du point de vue juridique, une déclaration d’immutabilité constitutionnelle absolue n’est pas concevable.

« Je pense qu’il faut changer le système ou le réformer en profondeur. Je pense qu’il faut maintenant poser clairement la question du changement institutionnel, proposer la révision globale de la Constitution ou proposer une nouvelle Constitution pour un nouveau régime politique réellement démocratique dans son esprit, dans sa lettre et dans sa pratique », a-t-il expliqué.

L’ancien professeur de l’Université de Lille présente des réformes à initier pour débloquer la situation. Il s’agit de :

- l’institution d’un suprême conseil constitutionnel des sages de la République qui devra exercer les compétences dévolues à la Cour constitutionnelle ;
- la nécessité d’un recensement général de la population ;
- l’adoption d’un moratoire électoral ;
- rétablissement du scrutin à deux tours pour l’élection du président de la République ; d’un moratoire sur la décentralisation ;
-poser les fondements d’une véritable réconciliation nationale ;
-et de l’impérieuse nécessité d’une entente cordiale avec le Rwanda, l’Ouganda, le Burundi et le Soudan du Sud pour une réussite totale du processus démocratique et électoral en RDC. Pour cet acteur politique, un gouvernement de salut public devra piloter les réformes proposées.

-- © Le Potentiel - Pitshou Mulumba