Nouveau président de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), l'Angola s'empresse d'accorder une «attention particulière pour la paix et la sécurité dans la région ». A Luanda, le chef d'état-major des Forces armées angolaises (FAA) dit sa détermination à remplir sa mission de pacification.

Changement de cap à Luanda. L'Angola ne se limitera plus au rôle de simple observateur de la situation sécuritaire dans la région des Grands Lacs. Le pays de Dos Santos vient de décider de se mouiller le front, chaque fois que la paix sera mise en mal dans cette sous-région mouvementée. Le choix du ton pour porter l'information, n'est pas le fait du hasard. C'est tout un message.

C'est le chef d'état-major des forces armées, le général de l'armée Geraldo Sachipengo Nunda, qui a été choisi pour annoncer la nouvelle stratégie de son pays. Première puissance militaire de la région, l'Angola prend à bras-le-corps son rôle de président de la CIRGL et compte, pendant son mandat, faire de la paix et la sécurité dans les Grands Lacs une priorité.

Ce qui est vrai c'est que Luanda a pris conscience de la précarité de la situation qui prévaut dans la région et de ses effets néfastes qui plombent les initiatives de développement dans les pays membres. Cet engagement traduit la détermination de ce témoin du marasme dans lequel a été enfermée la RDC depuis plusieurs décennies et dont elle peine à sortir jusqu'à ce jour.

A Kinshasa, la présidence angolaise de la CIRGL a été saluée chaleureusement. En fait, elle est accueillie comme une nouvelle perception de l'approche visant à mettre hors d'état de nuire toutes les forces négatives avant d'ouvrir de nouvelles perspectives de coopération au sein de la communauté. L'Angola ayant annoncé ses couleurs, la RDC espère voir bouger les choses dans la région.

«La région méritera une attention particulière en ce qui concerne la contribution de maintien de la paix et de la stabilité », a déclaré le général Geraldo Sachipengo Nunda samedi dernier à la municipalité d'Ambriz à l'ouverture, rapporte l'ANGOP, de la nouvelle année de préparation combative, opérative et d'éducation patriotique des FAA pour la période 2014-2015.

Pareille déclaration était quasi-impensable, il y a quelques jours d'autant plus que pour Luanda, cette situation ne le concernait pas directement. Lorsque la maison du voisin brûle, il faut s'activer pour éteindre le feu, dit un adage africain. L'Angola doit l'avoir expérimenté lors de la longue dictature qui au Zaïre et dans beaucoup d'autres pays africains.
En prenant la présidence tournante de la CIRGL, Eduardo Dos Santos se voit offrir l'occasion de raffermir davantage son influence dans la région des Grands Lacs. Particulièrement, faire étalage de sa puissance militaire.

DES LIGNES VONT BOUGER

A Luanda, il y a certainement une nette volonté de faire oublier la présidence taciturne de l'Ouganda, pays du reste indexé par les experts des Nations unies comme l'un des parrains de nombreux conflits qui rongent l'Est de la RDC. La RDC a souvent été victime de la position ambigüe du duo Ouganda-Rwanda au point d'être obligée par moment à renier sa souveraineté en acceptant d'engager des négociations directes avec les ex-rebelles du M23. Cela par un jeu obscur concocté dans la région. Or, les deux voisins ne voulaient pas entendre parler d'un éventuel dialogue avec leurs rébellions respectives.

Plus d'un mois après l'accord de Nairobi - du reste parrainée par la CIRGL - la situation dans l'Est de la RDC reste toujours incertaine. L'Angola promet de tout mettre en œuvre pour ramener la paix et la sécurité dans la région, en mettant en avant ses forces armées.

Le plus évident est que la présidence angolaise de la CIRGL apporte une nouvelle donne dans le traitement du conflit dans la région des Grands Lacs. Sans doute, des lignes vont bouger dans la région des Grands Lacs, car Luanda n'est pas intéressé comme le fut Kampala.

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