RDC Minerais

Encore des preuves documentées. Des hauts gradés sont pris la main dans le sac dans le blanchiment de minerais de la mafia. Les circuits huilés de certification dans ces pays voisins sont transformés en véritable blanchisserie. De nouvelles recherches de Global Witness révèlent l'implication de militaires de haut rang dans le commerce de l'or dans l'Est du Congo. Ils sont Burundais, Congolais et Rwandais. Les exportations frauduleuses des tonnes d'or, du tantale et du tungstène font l'affaire des rebelles et officiers congolais, ainsi que des structures étatiques burundaises et rwandaises.

On ne le dira jamais assez, la guerre qui frappe la République démocratique du Congo a comme soubassement, la prédation et le pillage des ressources naturelles, principalement les minerais. Le dernier rapport de Global Witness révèle le degré atteint par ces pratiques à la peau dure, en dépit de multiples dénonciations. Sans les nommer, le rapport dénonce des hauts gradés actifs dans ce commerce illicite des matières précieuses dans la partie orientale de la RDC.

Bien que cités dans différents rapports, il est curieux de constater que les pays régulièrement nommés ne se gênent pas de poursuivre les actions de prédation. Global Witness évalue à des tonnes les cargaisons qui passent en contrebande des frontières congolaises vers les deux pays précités, à savoir le Burundi et encore et toujours le Rwanda. Ce qui ne peut se faire qu'avec la complicité des militaires congolais en pleine opération dans cette partie de la RDC. Ainsi, se comprend aisément les causes qui font perdurer indéfiniment la guerre. La situation de ni guerre, ni paix actuellement enregistrée avait été mise à profit par les maffieux de tous poils pour lessiver les richesses enfouies dans le sous-sol congolais.

Plutôt que de combattre ces pratiques, il apparaît clairement que les deux pays voisins de la RDC ont brillé pendant la période d'investigations menées sur le terrain par Global Witness soit, en mars et avril, par un activisme débordant dans leur entreprise de prédation et de pillage. Global Witness a ainsi vu tout ce qui se tramait à travers les frontières entre ces deux pays et la Rd Congo.

Le président de la République, lui-même, ne s'était pas privé de dénoncer publiquement l'existence d'un réseau ayant des ramifications tant au niveau local, provincial et central avec des acteurs aussi bien civils que militaires. Joseph Kabila avait vu juste en décidant, en son temps, de la suspension de toute exploitation des minerais dans cette partie du pays.

Dans un communiqué rendu public par Global Witness, cette ONG internationale note : «Le lucratif commerce de l'étain, du tantale, du tungstène et de l'or de l'Est du Congo est contrôlé depuis près de quinze ans par des groupes armés violents et des factions de l'armée gouvernementale. Ces groupes utilisent les profits générés par le commerce des minerais pour financer leur lutte ».

Halte à l'hypocrisie

Les Etats-Unis et l'Europe ont mis en place des systèmes d'alerte en vue d'éradiquer ce commerce illicite des minerais. Mais des faiblesses apparaissent tout de suite. Les faits sont avérés. Ils ne relèvent plus du domaine de l'abstrait ou des allégations. Les puissances qui ont opté en faveur des mesures de traçabilité des minerais congolais, connaissaient pertinemment l'existence des circuits maffieux qui inondaient leurs marchés. Face à ces accusations, il est curieux de constater que des actions d'envergure tardent toujours à venir contre ces pays prédateurs.

Les réseaux connectés de la RDC, du Burundi et du Rwanda seraient-ils aussi puissants au point de tromper de manière grossière la vigilance internationale ? Les puissances mondiales ne savaient-elles pas que ces deux pays, qui émettent des certifications des minerais ne se trouvant pas dans leurs sous-sols respectifs participent à une entreprise de prédation sur les minerais provenant du Congo-Kinshasa?

Comment peut-on faire du Rwanda une blanchisserie et affirmer vouloir mettre un terme à la guerre et son cortège de malheurs ?

L'hypocrisie n'a que trop duré pour les puissances planétaires qui refusent de voir ces actes flagrants que posent les pays voisins prédateurs. La voie de la raison est celle de ne plus accepter l'accès dans leurs territoires respectifs de ces minerais notoirement issus des conflits, mais blanchis au Rwanda et au Burundi, sans oublier l'Ouganda, même s'il n'est pas cité dans le présent rapport.


Rapport: (Version française | English version)


E N C A D R E

Version Française

Global Witness révèlent l'implication de militaires de haut rang dans le commerce de l'or dans l'Est du Congo

À un moment critique pour le commerce des minerais de la région, les entreprises doivent exercer des contrôles sur leurs chaînes d'approvisionnement et mettre en pratique le principe d'approvisionnement responsable
Les recherches réalisées par Global Witness dans l'est de la République démocratique du Congo ont révélé l'implication de militaires de haut rang dans le commerce des minerais de la région. Un document d'information publié en français aujourd'hui présente les résultats des recherches menées en RDC dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu, au Burundi et au Rwanda en mars et avril 2013.

Les principales constatations sont les suivantes :

Des tonnes d'or produites dans l'Est du Congo profitent aux rebelles et à des officiers hauts gradés des armées gouvernementales congolaise et burundaise. L'or est blanchi en passant par le secteur aurifère national burundais pour être ensuite exporté vers Dubaï.

Ni les acheteurs locaux de la région des Grands Lacs ni les négociants internationaux n'effectuent de contrôle suffisant sur l'or qu'ils achètent pour s'assurer qu'il n'a pas financé de conflit ou de violations des droits de l'homme dans l'est du Congo.

En ce qui concerne le commerce de l'étain et du tantale, des progrès sont constatés dans les efforts fournis pour établir des chaînes d'approvisionnement exemptes de tout lien avec un conflit. Le premier projet international cherchant à promouvoir un approvisionnement responsable en étain provenant d'une zone affectée par le conflit dans l'est du Congo a été lancé en octobre 2012.

La plus grande partie de l'étain, du tantale et du tungstène produits dans le Nord et le Sud-Kivu profite aux rebelles et à des membres de l'armée gouvernementale. Les minerais sont transportés clandestinement du Congo au Rwanda et au Burundi pour être ensuite exportés. L'étain et le tantale introduits clandestinement au Rwanda sont blanchis à travers le système d'étiquetage national rwandais et exportés en tant que produits rwandais «propres ».
Le lucratif commerce de l'étain, du tantale, du tungstène et de l'or de l'est du Congo est contrôlé depuis près de quinze ans par des groupes armés violents et des factions de l'armée gouvernementale. Ces groupes utilisent les profits générés par le commerce des minerais pour financer leur lutte. La population locale du Nord et du Sud-Kivu est la première à faire les frais d'un long conflit marqué par les meurtres, les pillages, les viols massifs et les déplacements de population.

Le moment s'avère crucial pour le commerce des minerais de l'est du Congo. Les firmes visées par la Section 1502 de la Loi Dodd Frank, une loi américaine qui cherche à empêcher que le commerce des minerais de la région ne finance le conflit, sont dans leur première année de présentation de rapports et elles sont tenues de publier pour mai 2014 des informations détaillées sur les efforts qu'elles déploient pour contrôler leurs chaînes d'approvisionnement.

En mars 2013, l'Union européenne a entamé une concertation publique sur les minerais du conflit, laquelle pourrait déboucher sur l'introduction d'une réglementation européenne relative au devoir de diligence. La Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, un groupement composé d'États de la région, se prépare à lancer soécanisme régional de certification des minerais, qui exige que les sociétés de négoce de la région se conforment aux normes de l'OCDE en matière de devoir de diligence pour obtenir la certification de leurs minerais. Les firmes qui achètent des minerais de l'est de la RDC doivent respecter ces mesures et mettre en pratique le principe d'approvisionnement responsable.

La chercheuse de Global Witness qui a réalisé ce travail de recherche peut être jointe pour tout commentaire.

Contacter Sophia Pickles par courriel à spickles@globalwitness.org ou par téléphone au +44 7703 108449 ou au +44 207 492 5893.


English Version

New investigation from Global Witness reveals high-level military involvement in eastern Congo's gold trade

7th May 2013
简体中文

At a critical time for the region's minerals trade companies must undertake supply chain checks and put responsible sourcing into practise

Global Witness' investigation last month in eastern Democratic Republic of Congo (DRC) revealed high-level military involvement in the region's minerals trade. A briefing published today outlines findings from research carried out in DRC's North and South Kivu provinces, Burundi and Rwanda in March and April 2013.

The key findings are:

• Tonnes of gold produced in eastern Congo benefit rebels and high-ranking members of the Congolese and Burundian state armies. The gold is laundered through Burundi's domestic gold sector and exported to Dubai.

• Neither local buyers in the Great Lakes region nor international traders conduct adequate checks on the gold they purchase to ensure that it has not funded conflict or human rights abuses in eastern Congo.

• Efforts to establish conflict-free supply chains in the tin and tantalum trade are progressing. The first international project attempting to source conflict-free tin from a conflict area in eastern Congo was launched in October 2012.

• Much of the tin, tantalum and tungsten produced in North and South Kivu benefits rebels and members of the state army. The minerals are smuggled out of Congo into Rwanda and Burundi for export. Tin and tantalum smuggled into Rwanda is laundered through the country's domestic tagging system and exported as 'clean' Rwandan material.

Eastern Congo's lucrative trade in tin, tantalum, tungsten and gold has been controlled by abusive armed groups and factions of the national army for almost fifteen years. These groups use the profits generated from the minerals trade to fund their fight. The local population in North and South Kivu have borne the brunt of a prolonged conflict characterised by murder, pillage, mass rape and displacement.

This is a critical time for eastern Congo's minerals trade. Companies covered by Section 1502 of the Dodd Frank Act, a US law that seeks to prevent the region's minerals trade from funding conflict, are in their first reporting year and must publish details of their efforts to check their supply chains by May 2014. In March 2013 the European Union launched a public consultation on conflict minerals that could result in the introduction of a European due diligence regulation. The International Conference on the Great Lakes region, a grouping of regional member states, is preparing to launch its regional mineral certification scheme, which requires trading companies in the region to meet OECD due diligence standards as a condition for having their minerals certified. Companies buying minerals from eastern DRC must respond to these measures and put responsible sourcing into practice.

The Global Witness investigator who undertook this research is available for comment.

Contact: Sophia Pickles at spickles@globalwitness.org or on +44 7703 108449 or +44 207 492 5893

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