François Hollande rend hommage à Floribert Chebeya

François Hollande lors de l'inauguration de la médiathèque en l'honneur du militant des droits de l'Homme, Floribert Chebeya, le 13 octobre 2012. PHILIPPE WOJAZER / POOL / AFP

DIPLOMATIE - Lors de son déplacement en République Démocratique du Congo, le chef de l'Etat a profité de l'inauguration d'une médiathèque pour évoquer longuement la question des droits de l'Homme...

De notre envoyé spécial à Kinshasa

Coincé au milieu d'une journée surchargée, entre un déjeuner au sommet et une séance plénière, l'inauguration de la médiathèque de l'Institut français ne devait durer que quelques minutes. Mais François Hollande est resté près d'une heure, au milieu des élèves, des Français venus le rencontrer mais surtout aux côtés de la famille de Floribert Chebeya, militants des Droits de l'homme tué dans des circonstances plus qu'obscures en 2010. «La bataille des droits de l'Homme demeure. Nous sommes ici dans une démocratie où le processus n'a pas été encore été complet, c'est le moins que l'on puisse dire. Il y a encore des réalités inacceptables», a –t-il déclaré quelques minutes après avoir inauguré une plaque en l'honneur de Chebeya.

En RDC, pays où Joseph Kabila s'est fait réélire dans des conditions critiquables, cette visite n'a rien d'anecdotique. Entre deux poignées de main et l'écoute attentive d'un poème écrit par une jeune fille, Hollande a peu à peu transformé ce moment en hommage aux Droits de l'homme. Comme un pied de nez au régime dans ce coin de France. «Les autorités congolaises savent très bien que je suis ici», a glissé le chef de l'Etat, suivi à son arrivée par des motos de la police congolaise. «Le nouveau procès a, me semble-t-il, été repoussé. Il doit avoir lieu», a-t-il lâché devant les avocats de Floribert Chebeya. Le corps du leader de l'ONG «La voix des sans voix»avait été retrouvé le 2 juillet 2010 dans sa voiture à la sortie de Kinshasa. Quelques heures avant sa mort, Chebeya avait rendez-vous avec le général John Numbi, le redouté inspecteur général de la police, à l'époque. Le chauffeur et protecteur de Chebeya, Fidèle Bazan, est toujours porté disparu.

Les lampistes condamnés à mort

Après deux procès devant la justice militaire qui ont abouti à la condamnation à mort de quatre personnes dont le Colonel Mukalay de la Police nationale congolaise (PNC), les avocats de Chebeya accusent la justice de condamner des lampistes de l'affaire. Le général John Numbi, mis en cause par le documentaire de Thierry Michel «L'affaire Chebeya, un crime d'Etat?», a lui été seulement entendu en tant que témoin. «Nous espérons que vous allez intervenir auprès de la justice congolaise pour que nous accédions à la vérité. Nous comptons sur vous», a lancé à Hollande la sœur de Chebeya, avant d'évoquer des menaces dont elle serait victime. «Je demande aux services consulaires de s'assurer de votre protection», a déclaré François Hollande.

Prévu avant le sommet de la francophonie, le procès en appel a été repoussé à la fin octobre. Les pressions sur les défenseurs de la famille de Chebeya sont nombreuses. «Lors du premier procès en juillet 2012, un homme est venu me voir et m'a dit: «Si tu reviens au Congo, le comité d'accueil ne sera pas le même», explique à 20 minutes François Cantier, avocat et président d'honneur d'avocats sans frontières. Lors de cette visite, Hollande a rendu hommage aux avocats mais aussi à la presse. «Les pouvoirs quels qu'ils soient ont toujours peur de la presse», a-t-il expliqué devant quelques journalistes congolais présents. «La question de ma venue ici [en RDC] était controversée. Fallait-il venir? Oui et je le devais aussi pour les Congolais», a conclu le président de la République.

20minutes

De notre envoyé spécial en RDC, Matthieu Goar

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