Vivre ou périr. Face à la menace de balkanisation qui pèse sur son territoire, la République démocratique du Congo a un choix judicieux à faire s'il tient encore à exister comme nation. Il n'y a plus à se faire des illusions : le Congo ne figure plus dans l'agenda occidental comme au beau vieux temps de la guerre froide. Il appartient à ceux qui tiennent les rênes du pouvoir à Kinshasa de faire le choix de nos partenaires, tout en maintenant la pression sur les fomenteurs de complot contre le Congo. Ainsi la RDC pourra négocier sa souveraineté en position de force.

Après la marche d'espérance organisée le 1er aout 2012 par l'Eglise catholique pour dire «non à la balkanisation»de la RDC et au pillage des ressources naturelles, les chefs de différentes confessions religieuses ont organisé, samedi 25 août à la Cathédrale du centenaire de Kinshasa, un culte œcuménique pour marquer la fin de la collecte des signatures de la pétition qu'ils ont initiée contre la guerre dans l'Est de la RDC.
Sur l'ensemble du pays, au moins 10 millions de signatures ont été apposées au bas de ce document, qui devrait être transmis au secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon.

Une chose est de prier pour la paix au pays. Cependant, dans le cadre des relations d'Etat à Etat, le rapport des forces est un enjeu de taille. Par ailleurs, le jeu d'intérêts est déterminant dans les choix stratégique. En organisant des veillées de prières pour la nation, les hommes de Dieu jouent leur partition. Les marches et prières ne serviront que lorsque sur le terrain des opérations militaires l'avantage se retrouve du coté des Congolais. Tant que les gouvernants ne se soucieront pas de bâtir une armée forte, républicaine et dissuasive, la RDC ne sortira pas de l'ornière. Car il a été prouvé et démontré partout au monde que la guerre mène à une véritable paix, d'autant plus que les revers subis par les uns et les autres seront un élément décisif de dissuasion. Et il en est ainsi depuis la nuit de temps : «qui veut la paix prépare la guerre», dit-on.
Une paix obtenue à l'issue des négociations contre-nature n'est qu'une capitulation camouflée et éphémère. La paix négociée dans ces conditions ne s'installe pas. Elle est la source d'autres difficultés plus pernicieuses que la cause initiale.

Donc, c'est en étant fort sur le plan militaire que le Congo pourra négocier en position de force. Le cas de l'Angola est plus qu'éloquent. Les Cubains sont descendus avec plus de 450.000 hommes et ont fait échec aux troupes de Savimbi qui disposaient pourtant des missiles stringers venus des Etats-Unis. Le président Dos Santos connaissait le soutien de Savimbi. L'appui des USA à l'Unita n'était qu'un secret de polichinelle. A la surprise générale, sans se résigner, Luanda a maintenu l'option militaire. Cette position lui a permis de négocier en position de force et de se faire entendre.
Comparaison n'est pas raison, mais il demeure que la constance dans cette position a été payante. La sagesse enseigne que sur un chemin glissant il faut toujours suivre les traces du prédécesseur de peur de se laisser trainer dans la boue. Dans le cas d'espèce, la RDC est devant un choix difficile dicté par l'évolution de la situation. Capituler ou périr ! la survie réside dans la lutte et non dans la compromission dans des interminables et oiseuses négociations diplomatiques.

L'heure du choix

Il y a une précision utile à apporter autour de ce qui est aujourd'hui reconnu universellement comme «agression »de la RDC. La guerre, la vraie guerre que la RDC doit mener, n'est pas orientée contre le Rwanda comme Etat-voisin. Le régime à Kigali passera tôt ou tard. Mais plutôt, la revendication de l'intégrité territoriale et la récupération des ressources naturelles constamment pillées aussi bien par des voisins que par des multinationales. En RDC personne ne se trompe de cible.

A travers la RDC, les Occidentaux veulent stopper l'élan hégémonique de la Chine en Afrique et récupérer un terrain qui est en train de leur échapper entre les doigts. L'adage n'enseigne-t-elle pas que «quand deux éléphants se battent, ce sont les herbes qui en souffrent ?»Et, dans ce «combat de gladiateurs », ce sont les Congolais ou les Africains en général qui payent le lourd tribut.

Il est donc temps pour les «maitres du monde »de comprendre que les Congolais ne vont pas continuer de faire la guerre des autres. Une guerre injuste et ignoble. Puisqu'il est prouvé à ce jour que la RDC ne figure plus dans l'agenda occidental. Les Congolais devraient changer des stratégies s'ils veulent exister comme peuple. Pour contrer le communisme, en pleine guerre froide, la RDC était considérée comme rempart. Tous les impairs de la dictature mobutienne n'étaient pas condamnés tant que l'agenda de l'époque était en faveur de «cet élève modèle». A ce jour, rien ne diffère des cas Kagame et Museveni dans la sous-région. L'axe de l'océan indien étant devenu stratégique pour les USA particulièrement, les acteurs devraient également être changés.

«Quels que soient ses buts subjectifs, l'action diplomatique du Département d'Etat américain tisse objectivement son collier de perles »de l'Inde jusqu'au Japon en passant par les Philippines, l'Indonésie, le Vietnam et Singapour d'une façon qui pourrait aisément gêner l'autre «collier de perles »bien connu qui va des ports du sud de la Chine jusqu'au Sud Soudan. On comprend alors que les Chinois se plaignent que la politique suivie par le Département d'Etat soit fondamentalement inamicale, qu'elle cherche à «encercler »la Chine et peut-être la menacer.»

Cette analyse de Edward N. Luttwak dans son livre intitulé «La montée en puissance de la Chine et la logique de la stratégie»fait jaillir toute la lumière sur des options clairement prises par l'Occident notamment le leader de ce bloc les Etats-Unis. L'analyste précité épingle trois axes adoptés par les Américains : la coopération, l'endiguement et la guerre idéologique. Dans tous ces registres, il est difficile d'y déceler le role que pouvait encore jouer la RDC. Conséquence : l'Occident, qui élabore des stratégies pour que la supériorité chinoise assurée dans tous les domaines, craint que la Chine lui exige d'accepter «une parité du type G2».
D'où, le Congo devra faire un choix judicieux parmi «ses»amis et partenaires. La RDC ne devra pas tomber sous les charmes de ceux qui la caressent dans le sens du poil, avec des actions de saupoudrage. Ainsi compris, les Congolais devraient être prudents et se méfier de certains conseils venant des Occidentaux. C'est le prix à payer si l'on veut exister ou disparaitre.

Il n'y a plus de miracles à opérer. Et, dans le meilleur des cas, seul le langage de force, c'est-à-dire l'option militaire pour replacer la RDC au rang qu'elle mérite ; celui d'être la locomotive de toute l'Afrique.
Le choix de l'Occident n'ayant apporté ni développement encore moins la vraie démocratie, l'heure est venue de s'imaginer d'autres voies susceptibles de conduire à une meilleure défense du pays en même temps que d'assurer un mieux-être à la population. Les émergents peuvent constituer cette planche de salut pour la RDC confrontée à des attitudes inamicales inexpliquées de la part de ses partenaires traditionnels. Vivre ou périr, c'est l'instinct de survie qui doit guider les actions à venir.

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