1. Initiative fraternelle

Par ce titre, j'entends prendre l'initiative de m'adresser à tous mes compatriotes congolais, hommes et femmes, en osant proposer un dialogue dépourvu de polémique stérile, byzantine et paralysante, mais désireuse de regarder bien en face notre situation sociopolitique nationale sous forme d'inventaire, celle d'hier en regardant celle d'aujourd'hui !

2. Un constat malheureux

Le premier constat est que la République Démocratique du Congo est malade de ses dirigeants qui n'arrivent pas à insuffler un sang nouveau pour redresser tant soit peu le vécu quotidien de sa population. La République Démocratique du Congo navigue à vue, sans direction politique, et ne présage aucune perspective heureuse pour son avenir.

A n'en point douter, la République Démocratique du Congo est classée parmi les derniers sur la liste des pays les plus pauvres du monde, et ce en dépit de la présence de ses multiples ressources naturelles et la capacité de ses élites ayant pris, pour la plupart, le chemin de l'exil soit vers l'étranger, soit encore à l'intérieur même du pays, toujours à la recherche permanente d'un mieux être désiré mais irréel !

Enfin, après les élections présidentielles et législatives, tant celles de 2006 que les dernières en date du 28 novembre 2011, force est de constater que la République Démocratique du Congo doit se ressaisir afin qu'elle ne perde pas son âme en négligeant les liens de son histoire nationale. En effet, sans ces liens, il n'est pas possible de maintenir en place des millions d'êtres humains d'horizons différents, sans une histoire commune en construction, année après année, génération après génération, aucun Congolais n'arriverait à se tenir devant ses frères et sœurs comme étant un véritable représentant de la nation congolaise.

3. Le peuple congolais et son véritable immobilisme dormant

Pour illustrer ce constat, il faut comprendre que l'opposition de la critique congolaise ne vient pas là où on l'attendait ! En effet, celle dont il s'agit n'est que l'opinion, généralement bien orchestrée, et bien nourrie du poison de la haine, contre toute nouveauté et tout début d'entente entre les habitants de la République Démocratique du Congo du nord, du sud, de l'est ou de l'ouest. Ce n'est pas la kyrielle des partis politiques congolais qui aurait un discours d'opposition, discours qu'ils opposeraient à un autre discours majoritaire ! Hélas non !

En République Démocratique du Congo, on a pris l'habitude de se focaliser sur un refus fondamental en négligeant gravement le cœur palpitant d'une nation. Or, celle-ci devrait plutôt pouvoir s'exprimer dans un projet mobilisateur de toutes les énergies des autochtones congolais, regroupés en ressources humaines indispensables au développement harmonieux du pays.

Aujourd'hui, les nouvelles générations du Congo coexistent sans se donner la main. Cassure préjudiciable, perte immense des valeurs à se transmettre !
Aujourd'hui, si l'on fait l'autopsie de notre comportement fébrile, comment ne pas être atterré devant l'immobilisme de tout un peuple qui semble très affairé sans rien faire pourtant !

Joseph Kabila a été proclamé président de la République depuis 2001 ; il a été reconduit dans ces fonctions deux fois déjà, lors de consultations électorales pourtant les plus contestées. Ici, mon propos n'est pas de revenir à cette illégitimité tant du président que de ses gouvernants successifs. Je souligne surtout la figure de ce président ombrageux, dont la visibilité ne s'est illustrée, hélas, que par un régime policier et violent. Il se tait, mais il règne. Il est invisible, mais il impose sa loi. Quelle langue parle-t-il avec son peuple ? C'est un langage très éloigné de la vie, parce qu'il est déshumanisant, et, indigne de ce grand Congo au cœur de l'Afrique ! Ce n'est pas le langage du cœur d'un père de la nation qui veille à la santé de ses enfants ! Là est le vrai problème de Joseph Kabila, n'en déplaise à ceux qui le défendent bec et ongles, sans l'inviter à aimer ses frères et sœurs congolais.

Mais Joseph Kabila n'est pas pour autant seul, car il s'est entouré des collaborateurs, des intellectuels, des politiciens, des hommes d'affaires de tous horizons, tous dociles à leur maître, et chacun tirant son épingle du jeu en s'enrichissant tant que faire se peut, et tant pis pour le pays que chacun et tous devraient servir avec un amour patriotique éprouvé !

Face et contre ce pouvoir des ténèbres et de silence, l'opposition politique véritable n'existe pas ou du moins peine à émerger. La vraie opposition est celle de tout un peuple entraîné à la haine mutuelle, insatisfait à volonté, et attentiste qu'un salut leur vienne non des frères et sœurs congolais, parce que ceux-ci sont tous sujets d'une loi de condamnation.

Il nous faut un langage perpétuel ! Ce qui signifie qu'un Congolais si peu authentique ne pourra jamais prétendre diriger ses compatriotes !

Le regard figé d'une opposition radicale, systématique et orchestrée par le peuple congolais fait que chaque Congolais accepte que des leaders pour la République Démocratique du Congo restent à venir et où devant encore naître pour demain ! En attendant, aujourd'hui, personne n'est jugé digne d'être à la commande du pays.

C'est dire que la République Démocratique du Congo tue elle-même ses hommes, ses prophètes et ses leaders en les décourageant et en les traînant constamment sur le banc des accusés, alors qu'on accueille à bras ouverts l'homme blanc, c'est lui le dieu et l'étranger, il est imaginé sans péché ! A ces derniers, le Congolais ira, dès la première rencontre, raconter ce qu'il sait ou pense des défauts éventuels de ses frères compatriotes !

Voilà, la tare très lourde dont les Congolais doivent s'exorciser, sinon, on n'aura jamais le droit d'exister sur la scène internationale. Par voie de conséquence, la terre des ancêtres, pareille à un champ pour les chèvres, appartiendra à jamais aux prédateurs impénitents et aux étrangers sans morale et sans scrupule. Et, les Congolais mourront de l'immobilisme, ce virus de la honte et de l'inaction, due à la paresse intellectuelle et à une conscience notoire !

4. Un projet de société d'union et de mobilisation

Il faut considérer ce que fut le début du Congo, représenté par les premiers leaders dits «les pères de l'indépendance »! Au départ, ceux de Lubumbashi n'avaient rien à voir avec ceux de Kinshasa ! Ainsi, l'Est ignorait ce qui se faisait à l'Ouest et le Nord tout autant par rapport au Sud. Telle était donc la volonté du colonisateur européen qui ne permettait pas qu'il y ait fréquentation entre les différentes tribus du Congo. Mais, du jour au lendemain, les pères de l'indépendance ont vite compris qu'il fallait tenir tous à un projet de société unique et mobilisateur, qui allait faire de ce territoire un des plus prospères, pour les enfants de demain.

Raison de plus pour exhorter mes compatriotes congolais à oser maintenant se parler de cœur à cœur, et apprenons à nous pardonner mutuellement, pour le bien de tous et l'avenir de la République Démocratique du Congo.

L'hymne national congolais est un chemin d'union, de paix et de concorde nationale. Le problème majeur de notre pays n'est pas de savoir qui est Congolais et qui ne l'est pas, même si cette question garde une pertinence, on la résoudra dans un temps plus approprié !

Pour le moment, existons en premier lieu comme peuple de frères et sœurs, qui s'aiment, s'entraident et protègent leur terre, reçue en cadeau de Dieu et de nos ancêtres congolais.

Cela passe, in fine, par l'entente, le pardon, la réconciliation et la protection de la Constitution qu'aucun individu ne peut modifier «pour la mettre à sa mesure au risque de trahir le destin ainsi «sacralisé »du Congo.
Concluons donc par ces propos d'espérance !

Bamba-di-Lelo
Docteur en Sciences politiques de l'UCL
Analyste des questions politique du Congo

© Congoindépendant 2003-2012

-- © Congoindependant